Depuis plusieurs années, la profession agricole et le Service Départemental d’Incendie et de Secours de Seine-et-Marne (SDIS 77) ont engagé une véritable coopération dans la lutte contre les feux de plaine.
En 2025, nous avons signé la deuxième convention de partenariat, et des réunions de secteur avec les présidents de canton et les responsables de centre ont été organisées en ce début juin.
Si la majorité des départs de feu sont accidentels, certains sont également provoqués par des gestes imprudents, comme le jet de mégots de cigarette. Dans tous les cas, la prévention permet de limiter les incidents et leurs conséquences, parfois lourdes.
Nous devons être attentifs à certaines conditions météo qui augmentent considérablement les risques. La règle des trois 30 — plus de 30 degrés, moins de 30 % d’hygrométrie et plus de 30 km/h de vent — doit nous alerter et nous inciter à adopter les bons gestes pour sécuriser les personnes, les biens et, bien sûr, nos récoltes.
Disposer d’un tracteur attelé à un déchaumeur, d’extincteurs en nombre suffisant et révisés, ou encore nettoyer régulièrement la moissonneuse-batteuse sont des actions simples à mettre en œuvre.
Dans les situations où le déclenchement d’un incendie pourrait avoir de graves conséquences, notamment en zone périurbaine ou à proximité de sites sensibles, un déchaumage le long de ces lieux et des routes permettra une protection efficace, même si je sais que cela demande un effort dans une période déjà très intense.
En cas de départ de feu, la sécurité reste la priorité absolue. Ne prenez aucun risque si vous êtes amené à intervenir avant l’arrivée des pompiers, et respectez scrupuleusement les consignes précisées dans les fiches opérationnelles que nous vous communiquerons.
Lorsque les pompiers sont sur site, vous devez vous placer sous leur responsabilité et suivre leurs directives ; cela vous couvre en cas de dégâts matériels.
Enfin, chaque président de canton est référent auprès du SDIS 77 et peut être sollicité pour mobiliser rapidement des moyens de déchaumage.
Comptant sur la prudence de chacun,
Je vous souhaite une très bonne moisson.
Pascal Verrièle
Secrétaire général de la FDSEA 77
Interview du Commandant Tanguy Bannier, SDIS 77 par Horizons
Dans le cadre de la signature de la convention entre la profession agricole et le Service Départemental d’Incendie et de Secours de Seine-et-Marne (SDIS 77), sous l’égide du Préfet, nous avons interrogé le Commandant Tanguy Bannier.
Horizons : Que représente globalement cette signature pour le SDIS 77 ?
Tanguy Bannier : Cette convention nous permet avant tout d’avoir une meilleure connaissance du monde agricole. Elle nous aide à mieux identifier les acteurs de terrain et nous offre une meilleure qualité d’échanges entre les agriculteurs et le SDIS 77 afin de préparer au mieux la saison des moissons. Elle permet également une coordination renforcée entre les moyens agricoles et ceux des pompiers lors des sinistres, en définissant un véritable cadre d’intervention, mais surtout les premières actions de protection et de lutte contre les incendies.
Horizons : Dans cette convention, on évoque le statut de collaborateur occasionnel pour l’agriculteur. Quelles sont les obligations et les modalités pour que l’exploitant intervenant sur un feu puisse en bénéficier ?
T. Bannier : En général, les agriculteurs sont les premiers à intervenir lors d’un départ de feu. Ils ont surtout une excellente connaissance du terrain. Lorsque les pompiers arrivent, il est indispensable de prendre un moment pour échanger, mais surtout, l’exploitant doit se conformer aux ordres du pompier commandant les opérations de secours (COS). C’est à ce moment que sont définies les modalités de l’engagement de l’agriculteur et de son matériel, dans le cadre d’une coordination avec les autres moyens agricoles et ceux des pompiers. Dans ce contexte, il est protégé par le fait que son action est coordonnée par le COS. Juridiquement, il est pris en charge par le SDIS en cas de blessure ou de dommages matériels.
Horizons : On entend parler de la règle des « trois trente » pour le risque feu. De quoi s’agit-il exactement ?
T. Bannier : La règle des trois trente est la suivante : un vent supérieur à 30 km/h, une température supérieure à 30 °C, et un taux d’humidité inférieur à 30 %. Ces conditions sont idéales pour qu’un départ de feu se transforme rapidement en sinistre intense. Durant les moissons, ces paramètres sont très souvent réunis, ce qui rend le risque maximal, notamment du fait de l’activité des engins agricoles. Il convient donc d’être particulièrement vigilant.
Horizons : Quels seraient, en quelques mots, les conseils que vous donneriez à un exploitant agricole intervenant sur un feu ?
T. Bannier : Avant tout, ne jamais se mettre en danger, quelles que soient les circonstances. Il ne faut pas pénétrer dans la fumée ni s’approcher trop près des flammes. Si vous ressentez le rayonnement des flammes, c’est qu’il y a un véritable danger. En cas d’intervention seule, il faut prioriser la protection des personnes et des biens. Enfin, dès l’arrivée des pompiers, la coordination avec le COS est indispensable. Dans tous les cas, il est primordial d’observer la provenance du vent et donc la direction du feu avant d’intervenir.