« L’escrologie sans tabou » : édito de Cyrille Milard

Une nouvelle fois ces derniers jours, ou plutôt une fois de trop, une minorité criarde est venue faire pression sur une majorité silencieuse et nos institutions. À Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, quelques milliers de militants radicaux ont saccagé des installations agricoles (semis, cultures, matériel d’irrigation…) au nom de l’écologie. Pire encore, des exploitants agricoles de la Confédération paysanne ont incité et participé à ces dégradations.

Au-delà d’apporter un soutien sans faille à nos collègues de la FNSEA 79, je dénonce cette violence dans une société démocratique. Je dénonce la présence de responsables politiques qui appellent à la désobéissance civile, je dénonce cette pseudo défense du vivant sur l’autel d’une idéologie extrémiste.

Destructions d’essais culturaux, de réserves d’eau, pénétration dans les élevages, saccages des convois ferroviaires de blé… Cela finira mal ! C’est d’ores et déjà écrit.

Au regard du contexte climatique et de la raréfaction de la ressource en eau durant la saison estivale, il est crucial de doter l’agriculture d’outils adaptés au réchauffement climatique, d’encourager les retenues d’eau et ainsi stocker l’eau en excès.

Mais plus largement, j’attends de nos gouvernants une défense sans faille de nos outils de production.

Les crises Covid puis ukrainienne ont rappelé l’indispensable nécessité de notre souveraineté alimentaire.

La crise climatique nous rappelle aussi à quel point nous devons préserver notre environnement. Or, trop de décisions politiques prises en silo sont néfastes à notre environnement. Comment nos politiques justifient leur abstention sur le dossier de réhomologation du glyphosate ? Comment nos politiques justifient leur réticence au renouvellement de la dérogation NNI* ? Comment nos politiques se justifient d’un déficit commercial historique à - 150 millions d’euros.

Nos politiques sont-ils en capacité d’aborder les dossiers par autre chose que le bout de la lorgnette ? En tout cas, l’écologisme trouve toujours une oreille attentive auprès d’élus hors sol surfant sur les peurs pour se donner une légitimité. Réduire l’élevage, interdire l’irrigation, imposer l’agriculture biologique, encourager le projet européen de Farm To Fork avec le retour des jachères non productives, ces visions étriquées ne mesurent pas l’impact sur les territoires, sur nos capacités de production, sur les enjeux internationaux et globalement sur notre souveraineté alimentaire. Ces  »escrologistes » ne sont plus à une aberration près : centrale à charbon versus nucléaire, davantage de produits locaux sans eau, moins de viande avec toujours plus d’importations… À ce rythme, sans un sursaut stratégique et politique de notre gouvernement, le déclin de notre agriculture sera inscrit. Pour autant, l’action du syndicalisme et de la chambre d’Agriculture à porter notre agriculture comme secteur stratégique auprès de nos dirigeants est constante.

Alors devons-nous, nous aussi, appeler à la désobéissance civile pour faire entendre l’intérêt de notre nation et de notre production alimentaire ?

Cyrille Milard, président de la FDSEA77

*Néonicotinoïdes.

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